jeudi 21 juin 2007

Ségolène/François : La déchirure assumée en direct à la télé un soir d’élection

Ne vous y trompez pas. C’est une info.

Il est 22h14, les écrans d’ordinateurs (fini les télescripteurs qui crépitent) n’arrêtent pas de débiter inlassablement les dépêches qui égrènent la liste des battus et des élus à l’élection législative.

Les socialistes ont le sourire. Ils ont réussi à sauver la face et à rosir une Assemblée Nationale promise au bleu dur.

Soudain, le visage de Jean Luc Mélenchon sur France2 se crispe. Les maîtres de cérémonie lisent à l’antenne la dépêche AFP suivante :

URGENT _ Ségolène Royal annonce sa séparation d'avec François Hollande

PARIS, 18 juin 2007 (AFP) – Ségolène Royal annonce qu'elle et son compagnon François Hollande se sont séparés, à une date qu'elle a refusé de préciser, dans un livre intitulé "Les coulisses d'une défaite", à paraître mercredi.

Il est 22h15, une deuxième dépêche tombe…

URGENT _ Royal candidate à la direction du PS si elle devient majoritaire

PARIS, 17 juin 2007 (AFP) - Ségolène Royal déclare qu'elle sera "candidate au poste de Premier secrétaire" du PS si son "projet de rénovation est majoritaire" au prochain congrès, dans un livre intitulé "Les coulisses d'une défaite", à paraître mercredi.

Ségolène Royal congédie son compagnon et, en plus, demande la garde de l’enfant, le Parti socialiste.

La voilà l’info !!

Et Mélenchon ne s’y est pas trompé : il est furieux, il a l’impression qu’on lui vole la victoire. Il se voit dans l’obligation de commenter, de réagir à une info sans en maîtriser les tenants et les aboutissants.

L’horreur ! Une info qui n’est pas passée à la moulinette des communiquants !

Une aubaine, en revanche, pour les journalistes ; eux qui ont eu droit pendant des mois aux images contrôlées par les staffs respectifs des deux finalistes à la présidentielle.

La maîtrise du temps politique avec un air de ne pas y toucher.

Avec l’officialisation de la rupture du couple Royal/Hollande, Ségolène est, le lendemain, bien malgré elle nous dit on, à la une des journaux de la matinale des radios et en couv’ de certains quotidiens.

Certains journalistes « mal intentionnés » auraient rompu l’embargo. Une info qui aurait du être donnée le mardi ou le mercredi suivant la fin du scrutin législatif, a été divulguée le soir des résultats du deuxième tour de ladite élection.

Et dieu sait qu’elle en a pris des précautions. Il est vrai que lorsqu’on décide de donner une interview à deux journalistes de l’AFP et à une journaliste de France Inter, on fait vraiment tout pour que l’info reste confidentielle.

Mais qui manipule qui dans cette histoire de rupture ?

Alors que ce soir là, la vedette aurait du être le sursaut du PS avec son 1er secrétaire en première ligne, la caméra s’est déplacée sur le couple Royal/ Hollande et l’acte de candidature de Royal à la tête du PS. Ce soir-là, Ségolène Royal déclare ouverte la campagne pour l’accession à la tête du PS, grillant ainsi la politesse à tous les prétendants au poste. Le temps politique se confond avec le temps médiatique.

Mélenchon ne s’en est toujours pas remis.

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